Les humains perdont-ils leurs doigts à cause de la recherche vocale ?
L’ère des requêtes classiques sur Internet rend ses derniers souffles. D’ici quelques années, la recherche vocale régnera sans partage sur le web comme dans la vie quotidienne. Le site Internet de votre entreprise doit-il déjà se préparer à affronter ce séisme ? L’espèce humaine doit-elle se préparer à perdre progressivement ses phalanges ? Éléments de réponse.
Dans quelques milliers d’années, dans un futur dominé par l’intelligence artificielle (AI) et les machines, les humains auront-ils encore des doigts ? Cette question, que pourrait se poser tout néodarwiniste averti, est totalement ridicule, je vous l’accorde. Pourtant, je vous l’assure, l’avenir est sombre pour les index, majeurs et autres auriculaires.
Avec les progrès exponentiels de l’AI et de la reconnaissance vocale, qui voudra encore perdre du temps à taper une requête sur son clavier, ou martyriser ses pouces sur son smartphone, quand une légion d’assistants personnels hyper performants, fidèles et obéissants, seront capables de satisfaire le moindre besoin ?
Des amis qui vous veulent du lien
Aujourd’hui, ils s’appellent Siri (Apple), Alexa (Amazon Echo), Google Home ou Cortana (pour Windows) et habitent dans les téléphones, les ordinateurs ou les haut-parleurs multimédia. Ce sont des « amis qui vous veulent du lien », comme le titrait si subtilement un article récent de Libération.
La tribu compte aussi d’autres membres : vous pouvez tout à fait effectuer une recherche vocale depuis votre navigateur Chrome, Safari ou Firefox, pour ne citer que ceux-ci. En attendant de trouver votre bonheur à partir de n’importe quel objet (montre, lunettes, cafetière et, qui sait, brosse à dents !) ou véhicule connecté.
Des progrès stupéfiants
Jadis, vous avez sans doute dû vous plier en deux, voire en quatre, parce que ces assistants virtuels ne comprenaient pas votre accent ou interprétaient votre requête de façon tellement absurde qu’on pouvait se demander s’ils avaient avalé une boîte entière de pilules de LSD !
Certes, les erreurs, les gaffes et les « Pouvez-vous répéter la question ?» n’ont pas, et de loin, disparu de leur lexique. Mais, je l’avoue, je reste… sans voix devant leur progression, leur faculté de compréhension et leurs capacités sémantiques. Assistez à la démo de Google Home ou d’Amazon Echo pour vous en persuader…
Et nous n’en sommes qu’aux balbutiements de l’intelligence artificielle !
Cela dit, on peut tout à fait imaginer que, dans les cinq années à venir, l’assistant se charge de vous fournir une liste complète pour une requête vocale du style : « Trouve-moi 10 rédacteurs en Suisse romande, spécialisés dans le luxe, bilingues anglais-français, mais dont les tarifs ne dépassent pas 80 CHF de l’heure. Montre-moi aussi pour quelles marques importantes ils ont déjà travaillé. »
Des statistiques parlantes
En octobre 2014, Google dévoilait que 41% des adultes et 55% des adolescents utilisaient déjà la recherche vocale de façon quotidienne. Selon une étude de Thrive du même millésime, la proportion s’élevait à 71% parmi les 18-29 ans au pays de l’oncle Sam.
Une estimation plus récente (2016) de Google affirme que 20% des recherches des utilisateurs de smartphones Android sont vocales. D’ici 2020, selon Comscore, la moitié de toutes les recherches émaneront des larynx.
Bientôt révolu, donc, l’âge de la digitation. L’avenir appartient désormais aux coooordes vocaaaaales ! Lors du salon E Commerce One To One 2017, un exécutif de Google annonçait solennellement la mort imminente du moteur de recherche, tel qu’on le connaissait jusqu’ici. Et quand le géant de Cupertino affirme que le monde est déjà entré dans l’ère de l’assistance vocale, eh bien, on le croit !
La glotte quatre fois plus rapide
Un individu lambda, c’est-à-dire équipé de deux mains dotées de cinq doigts chacune, tape 40 mots à la minute. Le même individu en émet 150, en se contentant de faire vibrer sa glotte. Y a pas photo !
Comme nous avons tous tendance à privilégier la rapidité et à adopter la loi du moindre effort, quand il s’agit d’obtenir des informations et des réponses, il y a fort à parier que d’ici quelques années, les usagers tapant une requête seront probablement aussi nombreux que les secrétaires de direction dégainant aujourd’hui leur machine à écrire Olivetti pour produire un rapport.
Des conséquences pour votre entreprise
Cette révolution va aussi impacter la communication de votre entreprise sur le web. Les propriétaires de site internet doivent se poser la question suivante : comment pouvons-nous optimiser notre contenu afin qu’il soit proposé par les assistants de recherche ?
Je ne vous apprends rien en affirmant que les gens s’expriment différemment selon qu’ils parlent ou rédigent. Un pingre « Président Argentine » entré dans la barre d’un navigateur (souvenez-vous de la loi du moindre effort, qui nous pousse à clavioter le moins de mots clés possible) se transforme en un plus généreux « Comment s’appelle le président de l’Argentine ?» via une recherche vocale. C’est-à-dire une phrase énoncée sur un ton beaucoup plus conversationnel.
Avec la recherche vocale, les internautes semblent formuler des requêtes plus longues, utiliser un vocabulaire moins prévisible et multiplier les demandes.
Les internautes n’ont pas envie de chercher, mais de trouver
Les assistants vocaux se comportent, eux aussi, de manière différente : ils ne fournissent plus forcément des liens, mais tentent de donner directement LA réponse. Un unique résultat tout mâché, issu, en principe, d’une source de confiance, occupant la première position (ou plutôt la position zéro) du moteur de recherche, grâce à son référencement irréprochable. Et quand ils proposent plusieurs liens, les places sur l’écran du smartphone sont nettement moins nombreuses.
Et ce parce que les internautes, en fin de compte, n’ont pas envie de chercher : ils veulent trouver. Imaginez l’enjeu : un annonceur demande à Siri : « Quelle est la meilleure agence de com digitale de Genève ? ». Réponse : votre agence ! Ou encore, quand un hipster interroge son smartphone en plein centre-ville : « Quel magasin vend des jeans de la marque Diesel ? », Google peut murmurer le nom de votre échoppe.
Pas de panique pour l’instant
D’où l’importance d’améliorer votre référencement naturel et d’optimiser votre site en fonction de nouveaux paradigmes vocaux. Comment ? Par manque de place dans ces pages, je vous invite à découvrir quelques suggestions sur mon site.
Cela dit, inutile de paniquer ni de réveiller votre webmaster et rédacteur web au milieu de la nuit : des mesures urgentes ne se justifient pas dans l’immédiat – du moins, si votre site est déjà bien optimisé.
Pour les entreprises mal classées dans les moteurs de recherche, par contre, revisiter le contenu rédactionnel devrait s’imposer comme une priorité à court ou à moyen terme. Sinon, vous allez tôt ou tard vous en mordre les doigts. Si, si, il vous en restera encore dix pour quelques centaines d’années au moins !